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10 mai 2024
Société

Gabon / Polygamie dans l’armée : Le parallélisme des formes !

Gabon / Polygamie dans l’armée : Le parallélisme des formes !

En adoptant l’ordonnance autorisant la polygamie aux officiers supérieurs de l’armée, le gouvernement de la transition au Gabon n’a-t-il pas rétabli le parallélisme des formes entre civils et militaires devant le Code civil sur la base duquel ils se marient tous ? Au-delà des suspicions et autres commentaires qui entourent cette décision du général président, d’aucuns se réjouissent pour la légitimation prochaine, des femmes restées dans l’ombre dans le pays où, plusieurs officiers sont des polygames de fait.

L’adoption en Conseil des ministres du 22 janvier 2024 auGabon, de l’ordonnance autorisant les officiers supérieurs de l’armée à opter, s’ils le souhaitent, pour la polygamie au titre du régime matrimoniale, a eu l’effet d’une bombe. Dans le pays où, les lois coutumières ont toujours admis la polygamie comme valeur sociétale, le Code civil en 1972 reconnaissait pourtant ce régime matrimonial en le jugeant «conforme» aux pratiques coutumières matrimoniales. Cependant en 1976, le président de la République prenait un décret astreignant entre autres, les militaires au mariage monogamique.

Monogames par contrainte

Si les interrogations autour de l’opportunité d’une telle mesure ont souvent animées bien de conversations, il reste que les hommes en tenue s’y sont conformés depuis lors. Quand bien même dans les faits, plusieurs militaires ont souvent entretenu des «relations sérieuses» avec des femmes autres que leurs épouses, et avec qui ils ont fondé des familles parallèles à celles avec leurs épouses. Tantôt mariées à la coutume, tantôt «maitresses attitrées», ces femmes et leurs enfants ont toujours vécu dans l’ombre des femmes légitimes qui souvent conscientes de la double vie de leurs époux, n’osent pas le crier. Signe d’acceptation de la polygamie ?

Commentant la vie privée du général président dans la foulée de l’adoption de cette ordonnance, d’aucuns ont vite crié à un texte taillé sur mesure pour le général de brigade Brice Clotaire Oligui Nguema. Mais dans un pays où les hommes épousent jusqu’à quatre femmes devant le maire le même jour ; où des «maîtresses attitrées» des hauts gradés de l’armée sont considérées comme des «épouses» ; où bien de femmes ont consacré leurs vies à ces «monogames par obligation et non par choix» et où des épouses légitimes ont fini par accepter la double vie de leurs époux, d’autres préfèrent croire au bienfondé d’une telle décision.

 Face à une réalité sociétale

«Officiellement les militaires sont monogames, mais dans les faits plusieurs sont polygames. On est engagé dans un processus de restauration, une ère de liberté. C’est l’occasion de restaurer ces femmes de l’ombre et de laisser à ces hommes la liberté de choisir leur régime matrimoniale», a commenté un civil regrettant cependant une décision sélective du fait que seuls les officiers supérieurs et généraux de l’armée sont concernés. Un privilège réservé à certains hommes en tenue mais adossé à une dynamique qui pourrait s’étendre sur tous au regard de la nécessité d’harmoniser, dans l’absolu, leur statut matrimonial avec le reste du corps social au regard d’une confrontation à la réalité.

Mais aussi, devant le Code civil sur la base duquel ils se marient tous, redonner aux militaires les mêmes droits que les autres citoyens dans ce domaine. Ce qui constituerait un pas vers l’établissement du parallélisme des formes en la matière, dans un contexte où les militaires étaient en réalité ostracisés. Après tout, c’est une question de vie privée qui nécessitera le consentement mutuel des conjoints lors du choix du régime matrimonial. Considérant entre autres, que les militaires censés être soumis au secret défense, doivent se taire sur certains sujets quand d’autres racontent librement leurs journées de travail y compris dans le cocon familial.

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