
Tchad : Le gouvernement impose une grille tarifaire pour freiner la spéculation sur le prix du ciment
Face à une envolée des prix du ciment dans la capitale tchadienne, le gouvernement a réagi en instaurant une grille tarifaire harmonisée pour les grossistes. Cette mesure, annoncée le 5 avril, vise à endiguer la spéculation et à stabiliser un marché sous tension, marqué par une forte inflation et une pénurie persistante.
Le ministère du Commerce et de l’Industrie a rendu publique le 5 avril une nouvelle réglementation des prix du ciment vendu en gros à N’Djamena. Cette décision fait suite à une période de spéculation intense où le prix du sac de ciment avait grimpé jusqu’à 12 000, voire 13 000 FCFA pour les qualités supérieures. À titre comparatif, le prix au détail du sac de ciment oscille entre 5 000 et 5 300 FCFA au Cameroun voisin. L’initiative gouvernementale cherche ainsi à maîtriser cette augmentation jugée illicite et à préserver le pouvoir d’achat des consommateurs tchadiens.
La nouvelle grille tarifaire établit des prix de référence différenciés selon les zones de la capitale et le type de ciment. Dans les quartiers de Gassi, Walliya/Toukra, Amtoukoui et Farcha Djiguilier, les prix du CPJ 35 sont fixés entre 8 250 et 8 400 FCFA, ceux du CPJ 45 entre 8 500 et 8 750 FCFA, et ceux du CEM II 42,5 entre 8 750 et 9 000 FCFA.
Dans d’autres secteurs comme 40 Bords et la Sortie Nord, les prix sont légèrement inférieurs, se situant autour de 8 000 FCFA pour le CPJ 35, 8 500 FCFA pour le CPJ 45 et 8 750 FCFA pour le CEM II 42,5. Ces variations pourraient s’expliquer par des différences de coûts logistiques ou d’approvisionnement, ainsi que par la gestion des stocks antérieurs, bien que le gouvernement n’ait pas fourni de détails officiels à ce sujet.

Le gouvernement a clairement indiqué que ces prix devront être strictement appliqués dans tous les points de vente, sous peine de sanctions conformément à la législation en vigueur. Cette démarche vise à rétablir la stabilité du marché du ciment et à garantir un accès équitable à ce matériau de construction essentiel pour la population tchadienne.
Une production nationale en difficulté
Cependant, cette tentative de régulation des prix intervient dans un contexte de fragilité du marché du ciment au Tchad. La production nationale est en baisse, et des difficultés opérationnelles entravent les importations nécessaires pour pallier le manque. La production de Cimaf Tchad, principal acteur du secteur, a chuté significativement en 2024, atteignant seulement 182 500 tonnes, soit à peine 26 % de sa capacité annuelle de 700 000 tonnes.
Cette insuffisance, combinée à la quasi-paralysie de la Société nationale de ciment (Sonacim), dont la production a chuté de 170 000 tonnes en 2021 à moins de 10 000 tonnes en 2023, a engendré une pénurie persistante depuis le quatrième trimestre 2024. Selon le ministre tchadien des Mines, cette situation a été récemment aggravée par des problèmes logistiques affectant les importations, notamment un incident sur la voie ferrée camerounaise en février dernier.
En conclusion, l’instauration d’une grille tarifaire harmonisée représente une tentative louable du gouvernement tchadien pour contrer la spéculation sur le prix du ciment. Toutefois, la résolution durable de cette problématique nécessitera également des efforts pour relancer la production nationale et sécuriser les voies d’approvisionnement pour les importations.
