
Par notre équipe d’investigation
Alors que le Cameroun se prépare pour une nouvelle élection présidentielle prévue en octobre 2025, une vérité difficile à ignorer se dessine déjà : le Rassemblement Démocratique du Peuple Camerounais (RDPC) est, plus que jamais, la force politique indétrônable du pays. À moins d’un séisme politique majeur, aucune force d’opposition – même réunie en coalition – ne semble capable de rivaliser avec la machine électorale titanesque du parti au pouvoir.
Une machine électorale tentaculaire
Le RDPC n’est pas simplement un parti politique. C’est une institution nationale, tissée dans le tissu administratif, social et même psychologique du pays depuis plus de trois décennies. Avec plus de 20 000 comités de base à travers les dix régions, une organisation pyramidale redoutablement disciplinée, des comités départementaux jusqu’aux comités centraux, chaque élection devient un déploiement militaire d’efficacité.
Chaque unité de base du RDPC est composée de dizaines, parfois de centaines de membres actifs. Ces structures, bien ancrées dans les quartiers, les villages, les chefferies et les arrondissements, mobilisent des millions de personnes, non seulement pour voter, mais pour faire voter. Les campagnes ne commencent pas en période électorale : elles sont permanentes. Des réunions mensuelles, des activités communautaires, des participations aux événements sociaux ou religieux — le RDPC est partout, tout le temps.
La discipline du parti : une arme redoutable
Ce qui fait la force du RDPC, ce n’est pas seulement sa présence massive, mais sa discipline interne. La loyauté est une valeur cardinale. Peu de partis en Afrique subsaharienne peuvent se targuer d’une telle cohésion, d’une telle stabilité. Pas de grandes défections à l’approche des élections. Pas de divisions internes spectaculaires. Le parti suit la ligne. Et quand il s’agit de soutenir le président Paul Biya, la fidélité est quasi religieuse.
Un ancrage dans l’administration publique

Il serait naïf de parler des élections camerounaises sans évoquer l’appareil administratif. Des préfets aux sous-préfets, des chefs traditionnels aux responsables locaux de l’administration, la porosité entre les institutions publiques et le RDPC est historique. L’encadrement du processus électoral, bien qu’encadré par ELECAM, est souvent influencé par des relais discrets mais puissants du pouvoir central.
Cela ne signifie pas nécessairement des fraudes massives, mais un encadrement du processus qui avantage systématiquement le parti au pouvoir : accès aux médias publics, autorisations administratives pour les rassemblements, mobilisation des forces de sécurité, etc.
Une opposition divisée, affaiblie et désorganisée
Face à ce rouleau compresseur, l’opposition fait pâle figure. Même en cas de coalition – hypothèse hautement improbable compte tenu des ego, des ambitions et des lignes idéologiques divergentes – aucun candidat ne dispose du maillage national, de la discipline organisationnelle ni de la base populaire structurée comme le RDPC.
Les figures de l’opposition, qu’il s’agisse de Maurice Kamto, Cabral Libii, Joshua Osih ou autres, peinent à sortir de leurs bastions urbains. Le vote rural, qui représente plus de 60% de l’électorat, est déjà verrouillé par le parti au pouvoir.
2025 : une victoire presque écrite d’avance
Il est donc illusoire de croire qu’une quelconque surprise sortira des urnes en octobre 2025. Même si les Camerounais sont appelés à voter, même si les urnes seront disposées dans tous les coins du pays, le scénario semble écrit : le RDPC, par sa structure, sa discipline et son envergure, remportera ces élections.
Il ne s’agit pas de cynisme, mais de lucidité politique. Participer au vote reste un acte citoyen, un moyen d’exister politiquement. Mais rêver d’une alternance en dehors de Paul Biya ou de son successeur désigné dans les rangs du RDPC relève encore, en 2025, d’une pure illusion.
La politique du réalisme
Le Cameroun vit sous le signe d’un pouvoir fort, ancien, bien huilé. Tant que le RDPC disposera de son armée de militants disciplinés, de son encrage dans l’administration et d’un appareil de mobilisation permanent, aucune opposition, aussi bruyante soit-elle sur les réseaux sociaux, plateaux de télévision ou dans les capitales occidentales, ne parviendra à bousculer l’ordre établi.
Les élections de 2025 ne feront que confirmer ce que tout observateur averti sait déjà : le RDPC n’est pas seulement un parti. C’est le système. Et ce système n’est pas prêt de tomber.
