Faux médicaments : chiffres et étendue des ravages au Cameroun
Plus de 530 cartons de médicaments illicites ont été saisis dans la semaine du 12 novembre 2022 à Nkongsamba, chef-lieu du département du Moungo (Littoral) situé à 145 km de Douala. Cette actualité relance la question de la lutte contre le fléau des faux médicaments dans ce pays d’Afrique centrale. En 2021, près de 3 milliards de Fcfa de produits ont été détruits, à en croire le site d’information stopblablacam.com/
Un médicament contrefait est « un médicament dont l’identité et/ou l’origine est délibérément et frauduleusement falsifiée », qu’il s’agisse de produits de marque déposée ou de génériques, définit l’Oms. Ils sont difficiles à détecter du fait de « la plus grande habileté des contrefacteurs à reproduire les hologrammes et autres procédés d’impression complexes ». Encore que, certains faussaires vont même jusqu’à ajouter des ingrédients actifs qui satisfont au contrôle de qualité sans procurer aucun effet bénéfique au consommateur.
Cliquez sur ce lien et intégrez notre groupe Télégram pour suivre l’actualité africaine
Cliquez sur ce lien pour télécharger notre application pour Android
Pour iOS
https://apps.apple.com/app/lacemac-infos/id1633092145
Au Cameroun, les faux médicaments représentent entre 40 et 45% du marché pharmaceutique du Cameroun, avec un chiffre d’affaires annuel estimé à environ 52 milliards de francs Cfa, soit près de 77,3 millions de dollars américains), a dévoilé le 19 octobre dernier, Franck Nana, président du Conseil national de l’Ordre des pharmaciens. Ce qui représente « une perte sèche pour le Trésor public », a-t-il déploré à l’agence de presse Xinhua.
La lutte contre ce trafic n’est pas aisée, notamment du fait de la porosité des frontières. Ainsi, malgré le contrôle aux frontières, les « médicaments de la mort » qui ont des conséquences sur la santé humaine, continuent de circuler dans le pays. Antiinflammatoires, antibiotiques, analgésiques, antifongiques, sirop…des aucun type de médicament n’échappe à l’appétit des faussaires qui les dissimulent dans des entrepôts de fortune.
L’Ordre national des pharmaciens estime que 50% des médicaments au Cameroun sont falsifiés. « En d’autres termes, la moitié des médicaments circulent de manière illicite et plus de la moitié ne se vend pas dans les officines de pharmacie ou d’hôpital », dénonce Dr Franck Nana au site allodocteurs.africa.
La situation s’est aggravée avec la crise sanitaire liée au Covid-19. Les faussaires ont vite attaqué les produits utilisés contre ce virus. Par exemple, « deux versions falsifiées de chloroquine, issues des circuits de contrebande, sont en circulation au Cameroun. Les tests de ces comprimés révèlent l’absence de toute substance active pharmaceutique », révèle Rose Ngono Mballa Abondo, directrice du Laboratoire national de contrôle de la qualité des médicaments et d’expertise (Lanacome).
Nombreux décès
Il faut reconnaître que ce qui fait la force des faussaires, c’est de surfer sur la pauvreté des populations. Les produits dans les officines officielles sont, en effet, jugés coûteux. Et donc, plusieurs personnes y recourent bien que conscientes des risques. « Les faux médicaments font partie de notre quotidien. Les Camerounais dans leur très grande majorité se ravitaillent dans ces circuits informels de médicaments. On sait que ce n’est pas conseillé. Mais on n’y peut rien, les coûts sont bas et on se sent soulagé quand on en consomme », témoigne un enseignant.
Un produit cédé à 11.000 francs pourrait revenir au patient à 4.000 F dans le réseau officieux même si la santé n’a pas de prix. Le phénomène est similaire ailleurs. « L’Afrique subsaharienne concentre toutes les vulnérabilités qui vont favoriser les médicaments de qualité inférieure ou falsifiés : la faiblesse de la gouvernance des systèmes de santé, une offre de soins et un maillage des pharmacies sur le territoire insuffisants, l’existence d’un marché parallèle quasiment toléré et la pauvreté des populations », analyse le Dr Innocent Koundé Kpeto, président de l’Ordre des pharmaciens du Togo au jour Le Monde.
En se basant sur l’hypothèse de l’OMS, entre 72 000 et 169 000 enfants décèdent probablement chaque année d’une pneumonie traitée avec des antibiotiques de qualité inférieure ou falsifiés, selon la modélisation établie par des chercheurs de la faculté d’Edimbourg. De la même façon, la London School of Hygiene and Tropical Medicine a estimé que les antipaludiques de qualité inférieure ou falsifiés seraient responsables de 116 000 décès supplémentaires chaque année.
« Le groupe de réflexion britannique International Policy Network estime que les faux antituberculeux et antipaludiques sont à l’origine de 700 000 décès par an dans le monde, soit l’équivalent de « quatre avions gros-porteurs remplis de passagers s’écrasant chaque jour », rapporte le site un.org/africarenewal.