Rejet d’une rencontre Macron & Opposition : « Paris ne peut plus s’offrir le luxe d’une brouille avec le Gabon »
L’opposition gabonaise n’aura pas de rencontre avec le président français Emmanuel Macron, présent à Libreville dans le cadre du ‘’One Forest Summit’’ qui s’est ouvert ce 1er mars. D’ailleurs, cette demande de l’opposition agace à l’Elysée, où on objecte que le déplacement du chef de l’Etat n’a aucun caractère politique.
« Ce One Forest Summit est consacré aux forêts et à leur rôle dans la protection du climat (…) Ce sommet est tout sauf un sommet centré sur la politique intérieure gabonaise », ont indiqué lors d’une conférence les conseillers Afrique et technique aux Affaires globales de la Présidence française, Franck Paris et Josué Serres,
Politiquement et diplomatique, une rencontre entre Macron et l’opposition présente un risque, estime une source anonyme citée par Gabonreview. « Il n’y a nulle part ailleurs dans le monde où l’on exige du président français qu’il rencontre l’opposition ». Car, « Imagine-t-on le président Ali Bongo Ondimba rencontrer Jean-Luc Mélenchon ou Marine Le Pen à l’occasion d’un voyage officiel ? Ce serait absurde ! »
Un ancien ministre, non nommé lui aussi, s’offusque de la demande des leaders de l’opposition. « Il y a quelque chose de profondément passéiste à vouloir rechercher à tout prix le contact avec un dirigeant français pour des motifs politiques. Comme si la vie politique au Gabon continuait à être décidée depuis Paris alors que nous sommes indépendants depuis plus de 60 ans ! », critique-t-il avant de déplorer que « L’opposition gabonaise est aujourd’hui tellement divisée qu’il faudrait convoquer au moins cent personnes dans la salle ! ».
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Un Gabon stratégique pour une France en difficulté
Déjà en chute de popularité en Afrique, la France évite désormais tout risque, notamment avec le Gabon qui est monté en puissance sur la scène internationale grâce au sujet du climat. « Paris en perte de vitesse accélérée sur le continent africain. Elle perd pied en particulier en Afrique de l’Ouest où ses positions tendent à s’éroder. Reste l’Afrique centrale, une zone qu’elle a négligée ces dix, vingt dernières années. Mais dans cette zone aujourd’hui, la Chine est très présente, la Russie, la Turquie, etc. Il y a beaucoup de concurrence et pour s’imposer, il faut séduire ».
Or, « Dans ce contexte, le cas du Gabon est particulier et sensible. Le pays est monté en puissance sur la scène internationale grâce au dossier du climat sur lequel il est en première ligne. Il siège en ce moment au Conseil de sécurité de l’ONU. Il est en passe de devenir stratégique en raison de ses mines. Eramet, le seul groupe minier français, est bien placé pour le savoir qui exploite la mine de manganèse de Moanda (dans le sud-est du Gabon, ndlr), l’une des principales au monde. Et, pour couronner le tout, le Gabon est, depuis 2022, membre du Commonwealth, la grande organisation rivale de la Francophonie », décrypte un géopolitologue à Gabonreview.
Comme quoi, Paris se montre prudent et intelligent en déclinant une rencontre de Macron avec l’opposition. Inutile, de créer artificiellement des tensions. « Paris ne peut plus s’offrir le luxe d’une brouille avec le Gabon », assène un député français, membre du groupe d’amitié France-Gabon cité par le web média.
