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19 février 2025
Société

Gabon : les hauts fonctionnaires appelés à déclarer leurs biens, une obligation légale longtemps ignorée

Gabon : les hauts fonctionnaires appelés à déclarer leurs biens, une obligation légale longtemps ignorée

Dans un effort pour renforcer la transparence et lutter contre la corruption, le gouvernement de Transition du Gabon a récemment rappelé aux hauts fonctionnaires de l’État leur obligation de déclarer leurs biens. Cette initiative, annoncée le 11 février 2025, lors d’une session de sensibilisation au ministère de l’Économie et des Participations, donne aux secrétaires généraux des ministères, aux inspecteurs généraux et aux directeurs généraux des organismes sous tutelle jusqu’au 20 février pour se conformer à cette exigence légale.

Cette décision intervient dans un contexte marqué par la dénonciation persistante de pratiques de corruption au sein de l’administration gabonaise. Lors de la cérémonie de présentation des vœux en janvier, le président Brice Clotaire Oligui Nguema avait lui-même dénoncé les dérives liées au détournement de fonds et à l’exigence de rétro-commissions. Le Premier ministre Raymond Ndong Sima avait également réuni les principaux responsables administratifs pour insister sur l’obligation de déclaration des biens.

Par ailleurs, l’affaire du contrat entre l’État gabonais et Karpowership, une entreprise turque spécialisée dans la production d’électricité via des centrales flottantes, a ravivé le débat sur la corruption. Des soupçons de pots-de-vin ont été soulevés et une enquête a été ouverte. Face à la polémique et aux coupures d’électricité récurrentes, le président Oligui Nguema a annoncé une renégociation du contrat.

Une loi de 2003 jamais appliquée

Si cette nouvelle injonction suscite de l’espoir, son application reste incertaine. Depuis la création de la Commission nationale de lutte contre la corruption et l’enrichissement illicite (Cnlcei) en 2003, de nombreux hauts fonctionnaires ont ignoré l’obligation de déclarer leurs biens, en dépit des recommandations des instances internationales. Pourtant, la loi prévoit des sanctions, allant de l’amende à la démission.

La Cnlcei, autorité administrative indépendante dotée d’une autonomie budgétaire, peine à faire appliquer cette réglementation. Son président, Nestor Mbou, a regretté que, malgré les campagnes de sensibilisation, les agents publics continuent de refuser de se conformer à cette exigence légale.

Un test pour la volonté politique de lutter contre la corruption

Cette nouvelle initiative constitue un test pour la volonté politique de lutter contre la corruption au Gabon. Il reste à voir si les hauts fonctionnaires se plieront à la règle et si la Cnlcei disposera des moyens nécessaires pour faire respecter la loi. La transparence dans la gestion des biens publics est un enjeu majeur pour la crédibilité du gouvernement et la confiance des citoyens.

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