CEMAC : Offensive financière en avril avec 220 milliards FCFA en jeu
Les États membres de la Communauté Économique et Monétaire de l’Afrique Centrale (CEMAC) intensifient leurs activités sur le marché monétaire régional en ce mois d’avril. À l’exception notable du Congo, cinq pays de la zone prévoient de lever un montant total de 219,5 milliards de francs CFA auprès des investisseurs, selon un calendrier prévisionnel consulté par EcoMatin. Cette mobilisation de fonds intervient dans un contexte de récente détente de la politique monétaire de la Banque des États de l’Afrique Centrale (BEAC).
Le Cameroun, locomotive économique de la région, affiche l’ambition la plus élevée avec un objectif de levée de 105 milliards de FCFA. Bien que ce montant soit en légère baisse par rapport aux 145 milliards visés en mars, il témoigne de la présence soutenue de Yaoundé sur le marché de la dette régionale. Les besoins de financement de l’État camerounais pour l’année 2025 s’élèvent à 1 130 milliards FCFA (environ 1,8 milliard USD) auprès des investisseurs nationaux, ce qui explique cette activité régulière.
Fort de la pondération nulle qui lui est accordée par la Commission Bancaire de l’Afrique Centrale (COBAC), le Trésor public camerounais émettra plusieurs Obligations du Trésor Assimilables (OTA) avec des taux d’intérêt annuels variant entre 6% et 7,5% pour un montant de 40 milliards FCFA. Une émission plus importante de Bons du Trésor Assimilables (BTA) est également prévue pour un montant de 65 milliards FCFA.
Le Gabon se positionne comme le deuxième acteur le plus actif en avril, avec des prévisions de levées de fonds atteignant 39,5 milliards de FCFA. Derrière ces deux poids lourds, la Guinée Equatoriale et le Tchad ambitionnent de mobiliser respectivement 35 et 30 milliards de FCFA.
Malabo privilégiera les Bons du Trésor Assimilables (BTA) avec des maturités de 26 et 52 semaines, tandis que N’Djamena combinera des Obligations du Trésor Assimilables (OTA) pour 20 milliards FCFA et des Bons du Trésor Assimilables (BTA) pour 10 milliards FCFA. La République centrafricaine (RCA) complète ce tableau avec un objectif de levée de 10 milliards de FCFA, selon l’analyse financière de Harvest Asset Management, une société de bourse agréée en zone CEMAC.
Cette vague d’émissions de titres publics intervient dans un contexte macroéconomique régional marqué par une décision significative de la BEAC. En effet, le Comité de Politique Monétaire a récemment abaissé son principal taux de refinancement (TIAO) de 5% à 4,5%, et le taux de facilité de prêt marginal (TFPM) de 6,75% à 6%. Cette orientation accommodante de la politique monétaire pourrait s’avérer bénéfique pour les États de la CEMAC dans leurs efforts de mobilisation de fonds.
La baisse des taux directeurs est susceptible de rendre les conditions de financement moins onéreuses et d’attirer davantage d’investisseurs sur le marché des titres publics. La décision de la BEAC reflète une prise en compte des risques économiques potentiels liés à une politique de taux d’intérêt trop élevés, dont l’impact sur l’économie réelle de la sous-région est jugé limité.
En conclusion, le mois d’avril s’annonce comme une période d’activité intense sur le marché monétaire de la CEMAC, avec cinq États déterminés à lever près de 220 milliards de FCFA. Cette opération d’envergure, facilitée par l’assouplissement récent de la politique monétaire régionale, permettra aux pays concernés de financer leurs besoins budgétaires et de soutenir leurs économies respectives. Le Cameroun, en particulier, confirme son rôle de principal émetteur de la zone.
