32.1 C
New York
17 juillet 2025
Politique

Cameroun : une stabilité politique au service d’une transition maîtrisée

Cameroun : une stabilité politique au service d’une transition maîtrisée

Dans une région souvent marquée par des secousses institutionnelles, le Cameroun s’impose comme un pôle de stabilité politique en Afrique centrale, tout en engageant progressivement des réformes essentielles à sa transformation socio-économique. Bien que confronté à de nombreux défis internes — sécuritaires, sociaux ou économiques — le pays se distingue par sa capacité à maintenir le cap institutionnel, à préserver son unité nationale et à poser les bases d’une transition générationnelle maîtrisée.

Plus de six décennies après son indépendance, le Cameroun conserve une structure institutionnelle solide. L’alternance politique y est encore à construire, mais les mécanismes de gouvernance se sont significativement améliorés ces dernières années, notamment en matière de gestion électorale, de digitalisation de l’administration et de transparence budgétaire.

Le gouvernement a notamment renforcé le rôle du Conseil constitutionnel et consolidé les processus de décentralisation à travers la mise en œuvre effective des régions, accordant plus de pouvoir aux collectivités locales. Ce processus progressif, bien qu’inégal selon les régions, constitue une avancée significative vers une gouvernance de proximité et un meilleur ancrage démocratique.

Sécurité maîtrisée et gestion stratégique des crises

Dans un environnement régional sous tension (crise au Tchad, instabilité dans l’Est de la RDC, reconfigurations militaires au Gabon et en Centrafrique), le Cameroun a su éviter l’effondrement sécuritaire. Sur le front anglophone comme dans les zones frontalières avec le Nigeria, les réponses apportées mêlent actions militaires ciblées, dialogue communautaire et initiatives de développement local.

L’armée camerounaise, professionnalisée et bien structurée, reste l’une des plus organisées d’Afrique centrale. Elle bénéficie de partenariats avec la France, les États-Unis ou la Chine, tout en renforçant son autonomie opérationnelle. Le pays reste un acteur clé dans la lutte contre Boko Haram et participe activement aux dynamiques de sécurité sous-régionale via la CEEAC et la Force Multinationale Mixte (FMM).

Sur le plan économique, le Cameroun conserve des indicateurs macroéconomiques relativement solides, avec un taux de croissance autour de 4 % en 2024 et des efforts continus de diversification hors pétrole. Le Plan National de Développement (PND 2020–2030) oriente les investissements vers l’agriculture, l’énergie, les infrastructures et l’innovation numérique.

Des projets structurants comme le port en eau profonde de Kribi, les barrages hydroélectriques de Nachtigal ou Memve’ele, ou encore le corridor Douala-Ndjamena, traduisent une volonté claire d’intégration économique régionale. Ces initiatives positionnent le Cameroun comme un hub logistique et énergétique majeur en Afrique centrale.

La dynamique politique évolue aussi sous l’effet d’une jeunesse de plus en plus engagée et d’une diaspora active, qui investit dans les TIC, la culture, l’agrobusiness ou encore l’éducation. Le tissu associatif s’étoffe, et malgré les tensions parfois observées dans l’espace public, la société civile camerounaise contribue activement à la vie nationale, notamment sur les questions de transparence, de genre ou d’environnement.

Le Cameroun n’a pas encore atteint tous les objectifs qu’il s’est fixés, mais les signaux sont encourageants. Dans une Afrique centrale en pleine recomposition, il reste un pays pivot, à la fois résilient, structuré, et porteur de réformes de long terme. Sa capacité à concilier stabilité politique, cohésion nationale et modernisation économique en fait un modèle discret, mais solide, dans la région.

 

Plus d'articles dans le flux

Gabon : L’opposition aux abois traduit à nouveau le bureau du CGE devant la Cour constitutionnelle

LA RÉDACTION

Guinée équatoriale : Manuel Osa Nsue Nsua, un banquier à la tête du gouvernement

LA RÉDACTION

Gabon : une nouvelle ère constitutionnelle s’ouvre

LA RÉDACTION

Laisser un commentaire