RDC : Faut-il pardonner à Kalev Mutond, l’ex bourreau sous Kabila ?
Le bourreau est de retour et demande pardon ! Kalev Mutond, l’ancien patron de l’Agence nationale des renseignements (Anr) de la Rdc est rentré d’exil volontaire ce mois via le Katanga, sa région natale.
Cet allié de l’ancien régime a fui le pays en 2021 afin d’échapper à une éventuelle arrestation. Pèsent contre lui, en effet, des charges de détention arbitraire, tortures, traitement inhumain et tentative d’assassinat sur d’anciens détenus opposants de l’ex-président Joseph Kabila. Le parquet général près la Cour d’appel de Kinshasa-Gombe avait ouvert en février 2021 une enquête contre lui. Ce qui a conduit à la perquisition de son domicile en mars de la même année.
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Kalev Mutond est maintenant fatigué de courir. Son court exil l’a amené tantôt au Zimbabwe, tantôt en Afrique du Sud, sans oublier le Togo et le Congo-Brazzaville. Il est donc rentré avec comme « priorité numéro un d’en finir avec ses ennuis judiciaires », souligne Rfi. Contre la voie judiciaire, il a opté pour le chemin du pardon individuel. Il a entrepris des démarches auprès des anciens détenus ayant gardé dent naturellement contre lui.
Dans ce sens, il a rencontré en premier Jean-Bertrand Ewanga, un ancien opposant à Kabila. Kalev Mutond a de la chance, peut-on déjà conclure. Puisque, surprise, Jean-Bertrand Ewanga a aimé l’attitude de son ex-bourreau et lui a accordé promptement son pardon.
« Enfin, j’ai échangé au téléphone avec mon ancien bourreau Bwana Kalev Mutond présentement à Kinshasa. J’ai beaucoup aimé son humilité en sollicitant son pardon en Jésus Christ et Pardonné désormais. Le dossier doit être considéré comme définitivement classé », a tweeté celui-ci.
Toutes les victimes vont-elles facilement gracier ainsi Bwana Kalev ? Difficile à répondre. Sur la liste des personnes qui l’ont assigné en justice et qu’il doit gagner à sa cause avant de recouvrer la tranquillité, figure aussi Jean-Claude Muyambo, ancien bâtonnier de Lubumbashi. La tâche ne sera sans doute pas aisée pour Kalev.
Déjà, Muyambo refuse de « personnaliser » le sujet et tient au procès, même s’il salue le retour courageux de l’homme. « Je l’encourage, parce que ça ne servait absolument à rien de se cacher. Nous, ce que nous voulons, c’est qu’il n’y ait plus un autre Kalev dans ce pays. Il vous torture, il fait tout, et d’un coup, il vient comme ça et il dit : ‘’Non, je vous demande pardon.’’ Et demain encore, qu’on puisse avoir un autre Kalev… Non, moi, je connais les gens qui ont été arrêtés, torturés, certains sont morts en prison. Je pouvais mourir et il allait demander pardon à qui ? Qu’il soit là, on va l’entendre, il y aura la confrontation. Le parquet va trouver une solution », a-t-il commenté au micro de Rfi.
Sanctions internationales
Agé aujourd’hui de 65 ans, Kalev Mutond a été un homme de confiance du président Joseph Kabila et l’administrateur général de l’Agence nationale de renseignements congolaise entre 2011 et 2019.
Même s’il est absout en République démocratique du Congo, Kalev Mutond n’aura pas fini avec les ennuis. Il est également sous sanctions de l’Union européenne depuis mai 2017, sanctions reconduites à plusieurs reprises. L’Ue lui impute des violations des droits humains lors de la répression à la suite du report de l’élection présidentielle.
Les États-Unis le recherchent également. On se rappelle qu’en août 2016, Mutond a fait l’objet d’une plainte au pays de Joe Biden pour torture de la part d’un conseiller américain de Moïse Katumbi. Il fait partie d’ailleurs des responsables congolais sanctionnés par le département du Trésor des États-Unis en décembre 2016.