
La Centrafrique ratifie le Protocole de Maputo : un nouvel espoir pour les droits des femmes
La République centrafricaine a officiellement ratifié le Protocole de Maputo, devenant ainsi le 46e État africain à adhérer à ce texte de l’Union africaine sur les droits des femmes. L’annonce, faite le mardi 26 août par des organisations non gouvernementales, représente une avancée juridique majeure pour les femmes du pays.
Le Protocole de Maputo est un instrument international qui interdit les mutilations génitales féminines, établit l’âge minimum du mariage à 18 ans et reconnaît l’avortement médicalisé dans des circonstances particulières. Selon Gicuku Karugu, responsable de programme pour l’ONG Equality Now, ce protocole est unique car il a été élaboré par des Africains, pour les Africains, en tenant compte des identités culturelles et en protégeant les femmes des pratiques néfastes.
Pour les femmes centrafricaines, la ratification du protocole fournit une base légale pour revendiquer leurs droits devant les tribunaux nationaux et, en dernier recours, devant la Commission africaine des droits de l’homme. Le texte est ambitieux : il protège les femmes contre les violences et garantit l’accès à la santé reproductive, y compris l’avortement en cas de viol, d’inceste ou de danger pour la santé. La juriste Karugu souligne que la reconnaissance de ce droit est puissante, car peu de textes internationaux le font de manière explicite.

Maître Yveline Ntanfa, une avocate camerounaise et présidente du WCIC, membre d’une coalition régionale pour la défense des droits des femmes, considère le Protocole de Maputo comme le seul instrument actuel qui prend en compte les problèmes spécifiques aux femmes africaines, y compris les « rites de veuvage humiliants ».
Défis de la mise en œuvre
Malgré la ratification, le principal défi demeure l’application effective du protocole. Karugu insiste sur la nécessité de nouvelles lois, de refuges pour les victimes, et de formations pour la police, les juges et les médecins afin qu’ils puissent faire respecter le texte.
La situation en Gambie, où des groupes tentent de contester l’interdiction des mutilations génitales féminines, montre que même dans les pays qui ont ratifié, le combat n’est pas terminé. À ce jour, neuf pays africains n’ont toujours pas ratifié le protocole : le Burundi, le Tchad, l’Égypte, l’Érythrée, Madagascar, le Niger, la Somalie, le Soudan et le Maroc.
Les ONG espèrent que la décision du gouvernement centrafricain servira d’exemple. Karugu conclut que, même en période de conflit ou face aux résistances, ce protocole est essentiel car il garantit les droits fondamentaux des femmes centrafricaines.
