Destitution de Danièle Darlan : vers la fin de la fétichisation d’une Constitution démodée en Centrafrique
Danièle Darlan n’est plus présidente de la Cour constitutionnelle en Centrafrique. La Professeure a été destituée par un décret présidentiel du lundi 24 octobre 2022, de même que le juge Trinité Bango Sangafio. Tous deux pour « empêchement définitif ».
Dans l’esprit du chef de l’État, cette décision est la suite logique, ou la conséquence juridique de la mise à la retraite de la fonction publique des intéressés.
Il n’en faut pas plus pour que les contempteurs du président Faustin Archange Touadéra crient à l’acharnement politique. Le président de la République, à les écouter, aurait gardé dent contre la désormais ancienne présidente de la Cour dans le dossier d’invalidation du décret du président créant un comité chargé de rédiger une nouvelle Constitution. Lire à cet effet, la chronique intitulée « Centrafrique : le pouvoir de Bangui travestit le droit pour se venger de la présidente de la cour constitutionnelle », écrit par un certain juriste nommé Bernard Selemby Doudou.
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Face à ces intoxications, deux mises au point s’avèrent utiles. Primo, il urge de constater qu’en bon démocrate, le chef de l’Etat a signé le décret de destitution en conformité avec les règles. Danièle Darlan qui a atteint l’âge de la retraite, ne mérite-t-elle pas de jouir d’une retraite méritée comme tout fonctionnaire de l’Etat ? La procédure de sa mise à la retraite a été engagée bien longtemps. Son remplacement à la tête de la Cour respecte les dispositions de l’article 100 de la Constitution du 30 mars 2016.
En effet, cet article évoque trois cas de remplacement, à savoir le décès, la démission et l’empêchement définitif, comme c’est le cas de Danièle Darlan après son départ à la retraite.
Il est aussi important de rappeler qu’à l’université de Bangui où la désormais ancienne présidente de la Cour constitutionnelle enseignait, une procédure de son remplacement a également abouti. Pour mémoire, le doyen de la Faculté de sciences juridique et politique de ladite université à travers un communiqué avait convoqué une assemblée extraordinaire qui statuera sur le « remplacement de la représentante des enseignants du supérieur à la Cour constitutionnelle ».
Le faux argument du 3ème mandat
L’intention que les détracteurs prêtent surtout au président de la République centrafricaine touche au 3ème mandat. Selon leurs dires, Touadéra voudrait se représenter en 2025. Seuls des esprits faibles peuvent facilement succomber à une telle manipulation et intoxication psychologique.
Seconde mise au point : la question de la révision constitutionnelle que Faustin-Archange Touadéra engage au risque d’essuyer toutes les interprétations tendancieuses, est une question vitale pour la République, une urgence.
En effet, la Constitution centrafricaine, il faut avoir l’honnêteté de le reconnaître- est caduque. Foncièrement inadaptée aux réalités socioéconomiques actuelles. De quand date-t-elle ? Réponse : du 16 février 1959. En rédigeant une Loi fondamentale il y a 63 ans, le pouvoir constituant originel avait-il la prétention de disposer une fois pour toute pour l’Etat centrafricain ? Certainement, non.
Les besoins de la population ont énormément évolué. La Centrafrique d’il y a 63 ans n’est pas la Centrafrique d’aujourd’hui. Dans plusieurs domaines d’activités, la Constitution centrafricaine est muette sur le cadre règlementaire. Dans un tel contexte, un chef d’État patriote, visionnaire, ambitieux ne peut se permettre de rester indifférent sous prétexte d’éviter de ne pas être accusé de vouloir briguer un 3e mandat. Sans ambages : la Constitution de la République centrafricaine mérite et doit être mise aux normes, d’être adaptée aux besoins d’investissement.
Hélas ! L’ex présidente de la Cour constitutionnelle Danièle Darlan s’est érigée comme un obstacle. Elle ne le fait d’ailleurs pas de son propre gré. Elle est aux ordres de puissances étrangères qui ont intérêt que la Centrafrique reste la dernière nation au monde.
Il faut le retenir une fois de bon : Touadéra n’est mu que par le souci de voir le pays avancer, se mettre sur les rails de la modernisation. Ailleurs en Afrique, la modernisation du pays à travers la révision de la Loi fondamentale ne fait même plus polémique. La Côte d’Ivoire, le Bénin, le Sénégal et bien d’autres pays africains l’ont réussi. Maintenant, le tour de la Centrafrique ! Elle en sortira victorieuse.
Que Dieu prête longue vie à Danièle Darlan, l’adepte de la fétichisation d’une Constitution démodée afin qu’elle voit les résultats spectaculaires de ce nouveau vent, de son vivant.