Cameroun : Digitaliser ou disparaître, le service postal face aux réalités des TIC
Le Cameroun engage la digitalisation et la modernisation de son service postal. Ce secteur clé de la vie socioéconomique est aujourd’hui soumis au diktat des nouvelles technologies de l’information et de la communication. Plutôt que de le voir mourir, le ministère des Postes et télécommunications (Minpostel) a décidé du renouvellement de ce service.
Cliquez sur ce lien et intégrez notre groupe Télégram pour suivre l’actualité africaine
Cliquez sur ce lien pour télécharger notre application pour Android
Pour iOS:
https://apps.apple.com/app/lacemac-infos/id1633092145
Le top a été donné cette semaine. Minette Libom Li Likeng, la Minpostel, a lancé le à Yaoundé des travaux de numérisation des services de messagerie postale. Son département ministériel y va avec son bras opérationnel, l’Agence de régulation des télécommunications (Art), déjà instruite pour mettre en place un système d’adressage numérique et d’accompagner les opérateurs dans le processus de digitalisation et de mise en place des services innovants.
Le processus ainsi entamé, vise à « apporter un accompagnement idoine aux nombreux opérateurs postaux encore en difficulté pour le plein épanouissement de leurs activités. Il s’agit également d’engager les entreprises privées postales dans la voie de la digitalisation ainsi que dans le développement des services postaux innovants, pour accroître leurs performances », a-t-elle justifié.
À ce jour, le marché postal camerounais est partagé entre 35 opérateurs privés postaux. Dans le rang de ceux-ci, 33 exercent dans le domaine de la messagerie postale et 2 dans le transfert postal de fonds, à en croire les données du Minpostel. Enfin, le Campost. Cet opérateur postal public qui a vu le jour en avril 2004 est le produit de fusion de la Société nationale des postes (Sonaposte) et de la Caisse d’épargne postale (Cep).
Les acteurs du secteur postal camerounais sont conscients de l’enjeu des opportunités qu’offrent les Tic. L’opérateur public Campost a goûté aux fruits amers de la vétusté et l’anachronisme du service. En 2020, cette inadaptation aux temps des services postaux lui a causé une perte d’environ 10 milliards FCFA, rapporte EcoMatin. Cela a alerté la Commission technique de réhabilitation des entreprises du secteur public et parapublic (Ctr) qui a donc recommandé dans son rapport de 2020, « que cette entreprise publique devrait migrer vers le e-post, pour éviter de telles pertes et améliorer son exploitation entre autres », selon le média.
Pleine mutation
Les maux dont souffre le secteur postal camerounais ont aujourd’hui pour nom : capacité de production inappropriée, faible interconnexion des réseaux, difficulté à disposer en temps réel des données statistiques dans le secteur postal ; mauvaise qualité de service, l’intégration timide des Technologies de l’information et de la communication (Tic) dans l’offre des produits, faible taux d’adoption du e-commerce ; et l’entrée timide des services innovants dans le secteur postal.
Les acteurs aussi engagés à sauver leur secteur, recommandent « la mise en place d’un système de traitement automatique des envois postaux en attendant l’élaboration et l’implémentation d’un plan de digitalisation propre à chaque opérateur ; la dynamisation de l’offre de partenariat d’interconnexion entre opérateurs postaux ; et de procéder à l’implémentation des services innovants dans les réseaux postaux ».
Au Cameroun « Le service public de distribution du courrier occupe une place importante dans le paysage institutionnel camerounais. Historiquement la poste a joué le rôle d’une structure fondatrice de l’administration. Dès l’époque coloniale allemande, elle a occupé une place déterminante dans les communications transatlantiques entre l’Europe et la côte Ouest‑africaine au début du XXe siècle », décrypte Simon Pierre Zogo Nkada dans un article intitulé « La réforme du service public postal au Cameroun : heurs et malheurs d’un secteur en mutation » datant de 2016.
Il faisait une observation encore d’actualité, à savoir que « Les lacunes d’une gestion trop administrative ainsi que l’absence d’une stratégie managériale visant à adapter ce secteur d’activités aux évolutions technologiques et économiques ont entrainé la déchéance progressive de ce précieux outil de développement », écrit le chargé de cours à la Faculté des sciences juridiques et politiques, Université de Douala. Loin de tout pessimisme, l’enseignant a reconnu que « suite à sa mise en concession par l’État en 2004, le service public postal est aujourd’hui en mutation ». Une transformation perceptible, dit-il, à travers non seulement dans l’évolution du cadre organique et structurel, mais aussi dans les missions de service public qu’assument l’ensemble des opérateurs du secteur postal camerounais.