
La RCA renforce son arsenal de surveillance des télécoms avec l’acquisition d’équipements sophistiqués
L’Autorité de Régulation des Communications Électroniques et de la Poste (ARCEP) de la République centrafricaine a marqué une avancée notable dans sa quête d’une régulation efficiente du marché des télécommunications. Le 10 avril dernier, le Premier ministre Félix Moloua a officiellement réceptionné un ensemble d’équipements de pointe dédiés à la gestion automatisée du spectre et au contrôle rigoureux de la qualité de service (QoS). Cet investissement substantiel, chiffré à un milliard de francs CFA, a été rendu possible grâce au concours financier de la Banque mondiale, s’inscrivant dans le cadre du Projet de gouvernance numérique du secteur public.
Cette dotation en matériel de haute technologie confère désormais à l’ARCEP les moyens d’optimiser ses prérogatives de régulation et de supervision des opérateurs télécoms exerçant leurs activités sur le territoire national. L’autorité de régulation sera ainsi en mesure de vérifier scrupuleusement le respect, par les entreprises de téléphonie mobile, de leurs engagements contractuels en matière de couverture réseau. Par ailleurs, ces outils sophistiqués permettront un suivi précis et continu de l’évolution des indicateurs clés du marché, ainsi qu’une évaluation objective de la qualité et de la disponibilité des services proposés aux usagers.
Longtemps perçue par la société civile comme une instance aux pouvoirs limités face aux agissements des compagnies de télécommunications, l’ARCEP se voit ainsi pourvue d’un arsenal technologique susceptible de renforcer considérablement son rôle de garant de la conformité et de l’équité au sein du secteur.
Modernisation des outils au service d’une régulation performante
Le lot d’équipements acquis comprend des systèmes automatisés de gestion et de contrôle du spectre radioélectrique, cruciaux pour assurer une allocation optimale des fréquences et prévenir les interférences préjudiciables à la qualité des communications. S’y ajoutent des instruments de mesure et d’analyse de la qualité de service, permettant d’évaluer des paramètres essentiels tels que la fidélité des transmissions vocales, la rapidité des débits internet et la continuité de l’accès aux réseaux.

L’introduction de ces technologies de pointe a été précédée d’un programme intensif de formations et de sessions de renforcement des capacités, orchestré à Bangui à l’attention des agents de l’ARCEP et du ministère des Télécommunications et de l’Économie numérique. Ces initiatives ont porté sur l’installation et le déploiement des nouvelles infrastructures, la maîtrise des cadres juridiques et réglementaires applicables, ainsi que sur la mise en œuvre opérationnelle d’un observatoire du marché, instrument indispensable pour une analyse approfondie et factuelle du secteur.
Des bénéfices attendus pour l’État et les consommateurs
Le Premier ministre Félix Moloua a souligné que les équipements réceptionnés ne se cantonneront pas à la seule surveillance de la qualité des services. Ils offriront également à l’ARCEP la capacité de contrôler les flux de communications à l’échelle nationale et de contribuer activement à la mobilisation des ressources publiques, dans un contexte marqué par une digitalisation croissante de l’administration et des finances publiques. L’installation imminente d’une antenne sur le toit de la Primature symbolise cette volonté d’accroître les capacités de l’État en matière de surveillance du spectre des fréquences.
Des défis structurels persistants en toile de fond
En dépit de l’introduction de la technologie 4G en 2024, le secteur centrafricain des télécommunications demeure confronté à des écueils structurels significatifs. La qualité de service reste perfectible, l’efficacité de la régulation est sujette à débat, et les tarifs pratiqués suscitent fréquemment le mécontentement des usagers, qui suspectent une collusion tacite entre les trois opérateurs majeurs – Telecel, Moov Africa et Orange – visant à maintenir artificiellement les prix à un niveau élevé.
Conscient de ces problématiques, le gouvernement a initié diverses actions correctives. Le 4 octobre 2024, l’ARCEP a lancé un appel à manifestation d’intérêt en vue de la réalisation d’un audit approfondi des coûts des produits et services proposés sur les réseaux des opérateurs. Bien que le consultant n’ait pas encore été désigné, son mandat est clairement défini : examiner minutieusement les structures de coûts des réseaux de téléphonie fixe et mobile, ainsi que de l’infrastructure de fibre optique exploitée par MTN Bahobab, et formuler un modèle de régulation des marchés de gros (interconnexion et accès) qui parvienne à concilier le pouvoir d’achat des consommateurs, la viabilité économique des opérateurs et la sécurisation des recettes fiscales générées par le secteur.
L’acquisition de ces équipements de pointe par l’ARCEP constitue une étape cruciale dans la modernisation de la régulation des télécommunications en République centrafricaine. Il reste désormais à observer si cette avancée technologique se traduira par des améliorations tangibles pour les consommateurs et par l’instauration d’un marché plus équitable et transparent.
