Cameroun : le président Paul Biya reçoit le rapport sur l’action de la France pendant et après la colonisation
Un rapport exhaustif sur le rôle de la France dans la répression des mouvements indépendantistes au Cameroun a été remis ce mardi 28 janvier au président Paul Biya. Réalisé par une équipe d’historiens camerounais et français, ce document de plus de 1000 pages couvre la période de 1945 à 1971. Il a été commandé par le président français Emmanuel Macron dans un effort pour faire la lumière sur un pan sombre de l’histoire coloniale.
Cette initiative, bien que saluée par certains comme un pas en avant vers la réconciliation, suscite de vives critiques au Cameroun. De nombreux Camerounais estiment que ce rapport ne va pas assez loin dans la reconnaissance des crimes commis par la France et qu’il vise plutôt à exonérer l’ancienne puissance coloniale de ses responsabilités.
Les auteurs du rapport ont eu accès à des archives françaises et camerounaises afin de retracer les événements et d’analyser les mécanismes de la répression. Ils ont notamment étudié le rôle de l’armée française et du régime d’Ahmadou Ahidjo dans l’élimination des leaders indépendantistes comme Ruben Um Nyobe et Félix Moumié.
Cependant, la publication de ce rapport soulève plusieurs questions. Pourquoi s’arrêter en 1971 ? Pourquoi les archives camerounaises ne sont-elles pas entièrement ouvertes ? Et surtout, comment expliquer la réticence du gouvernement camerounais à organiser des commémorations officielles en hommage aux victimes de la répression ?
Ces interrogations mettent en évidence la complexité des relations entre la France et le Cameroun. Si les deux pays entretiennent des liens étroits, notamment sur le plan économique, les blessures du passé ne sont pas complètement cicatrisées. La remise de ce rapport est donc un moment charnière, mais elle ne marque pas la fin des débats sur la responsabilité de la France dans les événements tragiques qui ont marqué l’histoire du Cameroun.