Coopération bilatérale : comment la France a poussé Touadéra dans les bras de la Russie (II)
Une personne humaine, faite de sang et d’émotion est en droit de se fâcher après avoir subi une trahison aussi grave que celle essuyée par Faustin-Archange Touadéra, avec le président français Hollande et son ministre Jean-Yves Le Drian dans le dossier de l’opération Sangaris.
Mais, non. En homme mature, le chef d’Etat centrafricain a pris de la hauteur. Il a pensé que d’autres rencontres avec ceux-ci pouvaient changer quelque chose dans leur relation. Mais sans l’imaginer, c’est Dieu qui lui ouvrait les yeux et l’amenait à prendre conscience et à s’éloigner de l’agent pathogène qu’est le gouvernement français. Ainsi, à prendre son destin et surtout celui de son pays en main, sans plus compter sur un pays pauvre qui a toujours tiré astucieusement gloire, rayonnement et profit de la déstabilisation de l’Afrique et de l’exploitation impitoyable de ses populations.
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Touadéra découvre une Russie, terre de vérité, de transparence et de générosité
Pour rappel, le premier article de ce dossier avait montré comment sans bilan et sans préparation les autorités françaises ont décidé unilatéralement de la fin de l’opération Sangaris, malgré les assurances données au président Faustin-Archange Touadéra, alors nouvellement arrivé à la tête du pays, le 30 mars 2016.
Sans se décourager, il est retourné, ceci pour la dernière fois, chez son homologue français Hollande. Le 21 mars 2017, ce n’est plus le maintien de Sangaris qu’il va demander. Juste de l’équipement pour l’armée centrafricaine, afin de protéger entre autres, la capitale Bangui menacée par les rebelles.
Une armée rendue risible à dessein
Petite parenthèse : l’armée centrafricaine ne devrait plus en réalité, être à un niveau ridicule à l’arrivée de Touadéra au pouvoir. « Pour s’entrainer, pour ses opérations, pour les simulations, ses hommes en tenue font les exercices avec des bâtons. Ils utilisent des bâtons comme fusils », décrit Alain Foka. Ils poussent le ridicule jusqu’à imiter des coups de feu avec la bouche, ajoute-t-il.
La France a une longue présence à ses côtés, sur les plans de la formation et de l’équipement. Il appert donc qu’à dessein, elle a maintenu l’armée de la RCA dans le dénouement, la déchéance afin d’être éternellement indispensable.
Touadéra demande donc de l’équipement pour son armée. Promptement, Hollande lui promet 1500 armes. « Touadéra va s’en contenter. Mais ce n’était pas gagné non plus », observe le journaliste.
Les premiers mois du mandat de Touadéra n’ont pas été du tout repos. La France lui a imposé de longs périples infructueux. Les discussions pour l’obtention d’armes, n’avaient pas abouti avant le changement survenu à la tête de l’ancien colonisateur. Emmanuel Macron succède à Hollande. Touadéra va tout reprendre à zéro. Mais ce qui n’a guère évolué, la France indépendamment du chef d’Etat au pouvoir, a toujours excellé dans la trahison, le guet-apens et bien d’autres vices ignobles.
C’est du moins ce qui ressort des premières discussions de Touadéra avec le nouvel homme fort français Emmanuel Macron. Dès septembre 2017, Touadéra se fait « rapidement » reçu à l’Elysée, vu le feu de la rébellion qui trainait aux fesses. « Il veut qu’on lui donne les armes promises ; il les attend toujours ».
Nouveau rebondissement
Alors qu’il espérait se voir remettre sans tapages les modiques 1500 armes promises du temps de Hollande, Touadéra trébuche sur un rebondissement hollywoodien. Macron lui dévoile que les armes sont disponibles, mais que leur livraison a été bloquée par la … Fédération de Russie. Incroyable ! Touadéra n’en croit pas ses oreilles. Mais Macron persiste, que la Russie a bien « a émis des réserves au Conseil de sécurité de l’Onu. Rappelons que la Rca est sous embargo depuis 2013 du fait de la grosse crise de 2017-2018. Le président Touadéra va se demander pourquoi la Russie va lui en vouloir au point d’empêcher qu’on lui fournisse des armes pour se défendre. Le président Macron lui recommande de solliciter la Russie pour faire lever le blocus. Chose que s’empresse de faire le chef de l’Etat », indique Alain Foka.
C’est ainsi que le nom « Russie » est évoqué pour la première fois dans les relations entre la Centrafrique sous Touadéra. Cette évocation, il est pertinent de le relever et y insister, ne vient pas de ce dernier, mais bien de la France. Cette remarque est indispensable pour constater que c’est la France qui a mis Touadéra sur le chemin de la Russie.
Au départ, la France fait croire à Touadéra que Bangui souffre à cause de la Russie. Mais à Sotchi, en Russie, au détour d’une rencontre avec Sergey Lavrov, le ministre russe des Affaire étrangères, Touadéra découvre le contraire. « Sergey Lavrov lui explique que la Russie n’a rien contre la RCA, mais qu’elle a pris simplement une jurisprudence qui dit que des armes saisies sur un terrain de conflit ne peuvent être à nouveau utilisées mais doivent être détruites. C’est dans l’application de cette jurisprudence que la Russie a émis des réserves », révèle si bien le journaliste Alain Foka.
Avez-vous bien compris cette partie ? Autrement dit, Touadéra apprend que les 1500 armes à lui promises par la France étaient plutôt des armes saisies en RCA-précisément chez les islamistes sanguinaires Shebabs- et non neuves. Or, la règle en la matière dispose que « des armes saisies sur un terrain de conflit ne peuvent être à nouveau utilisées mais doivent être détruites », décrypte Alain Foka. « Au lieu de les détruire (la France) essayait de les refouler aux soldats centrafricains. Voilà pourquoi la Russie a mis son véto ».
L’histoire devient encore plus intéressante ici. Peut-être qu’il faut même remercier la France pour son mensonge dont l’élucidation a conduit Touadéra à la bonne adresse : la Russie de Vladimir Poutine, qui, à l’issue de la rencontre avec Lavrov, a généreusement décidé de fournir le double d’armes sophistiquées, surtout neuves.
A SUIVRE