Centrafrique : Un réquisitoire accablant contre les anciens leaders anti-balaka
La Cour pénale internationale (CPI) a franchi une étape décisive dans le procès de deux anciens leaders des milices anti-balaka, Alfred Yekatom et Patrice-Edouard Ngaïssona, accusés de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité commis en République centrafricaine entre 2013 et 2014. Le 9 décembre 2024, le procureur a prononcé un réquisitoire accablant, dépeignant une situation atroce où des milliers de civils ont été victimes de violences systématiques.
Les accusations portées contre les deux hommes sont d’une gravité extrême, incluant des meurtres en masse, des transferts forcés de population, des actes de torture, des persécutions fondées sur l’identité religieuse et l’enrôlement d’enfants soldats. Selon le procureur, ces crimes s’inscrivaient dans un plan criminel visant à éliminer les populations civiles perçues comme ennemies et à s’emparer du pouvoir en Centrafrique.
Au cours des quatre années de procès, 75 témoins ont apporté des témoignages poignants et des preuves matérielles irréfutables, permettant de reconstituer l’horreur vécue par les populations civiles. Le substitut du procureur, Kweku Vanderpuye, a souligné le rôle central de Patrice-Edouard Ngaïssona dans l’organisation et la coordination de ces atrocités, mettant en évidence sa collaboration avec d’autres figures clés de l’ancien régime.
Ce procès historique marque une avancée majeure dans la lutte contre l’impunité pour les crimes les plus graves commis en Centrafrique. Il offre aux victimes et à leurs familles une opportunité d’être entendues et de voir justice rendue. Les déclarations des représentants des victimes, qui suivront les réquisitions, sont très attendues. Elles devraient permettre de mieux appréhender l’impact de ces crimes sur les individus et les communautés.
La décision finale du tribunal, qui sera rendue à l’issue des plaidoiries de la défense, aura des répercussions importantes non seulement pour les accusés mais aussi pour l’ensemble de la société centrafricaine. Elle pourrait contribuer à favoriser la réconciliation nationale et à prévenir de nouvelles violences.