Cameroun : un vaste réseau de dettes fictives démantelé, de grosses multinationales prises en flagrant délit
Au Cameroun, des milliers d’entreprises ou structures facturent indûment l’Etat. La liste des ardoises qui ne cessent de s’allonger, a fini par alerter les autorités. Le gouvernement veut déterminer la dette intérieure nette.
Les clients de l’Etat camerounais qui s’adonnent à ce vilain jeu, ne sont pas des moindres. EcoMatin parle d’entreprises à la renommée établie. Ce sont des compagnies transnationales et de grandes personnalités qui ont été démasquées par un rapport de la Direction générale du Budget.
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Dans le lot, figurent le groupe égyptien Arab Contractor avec plus de 4 milliards Fcfa réclamations déjà rejetées ; et les firmes chinoises China Communications Construction Company Ltd (CCCC), China Geo-engineering Corporation (CGC) et China International Water and Electric (CWE) mises en cause pour près de 3,7 milliards Fcfa. Soit un montant de 8, 086 183 327 milliards Fcfa que faute de vigilance, l’Etat allait rembourser à ces quatre entreprises.
Les soupçons ont fini par conduire à une opération de confirmation des créances à l’intention des entreprises ayant livré des prestations pour le compte de l’Etat. Lancée le 17 octobre, elle s’achève vendredi 18 novembre 2022. « Elle concerne les dossiers de créances réceptionnés par la direction générale du budget et jugés recevables par le cabinet d’audit commis à l’effet d’expertiser les requêtes déposées par ces entités dans le cadre de la dette flottante de l’Etat et de ses démembrements », explique la plateforme d’information EcoMatin.
Le gouvernement va plus loin. Les premiers résultats issus d’un audit déclenché à cet effet, en vue de faire la lumière, sont incroyables. Entre le 1er janvier 2000 et le 31 décembre 2019, par exemple, 5 656 créances douteuses ont été définitivement rejetées.
Mode opératoire
Les facturations fictives portent beaucoup plus sur des charges locatives. « Les dettes locatives constituent le plus gros lot des opérateurs et individus ayant usé de manœuvre frauduleuse pour réclamer des créances fictives à l’Etat », rapporte EcoMatin.
Pour arriver ainsi à ponctionner les ressources publiques, les structures en cause procèdent entre autres, selon EcoMatin, par des doublons dans la liquidation des dépenses concernant le paiement des décomptes et des acomptes, des doubles emplois, l’inflation des reconductions frauduleuses de certaines créances déjà retenues par l’équipe comptable ou encore les fausses factures présentées en double avec des titres et des numéros similaires pour obtenir des paiements indus, énumère.
Sur les 38 015 dossiers de créances dues aux entreprises en 20 ans (entre le 1er janvier 2000 et le 31 décembre 2019), 5 656 ont déjà été définitivement rejetées dans le cadre de la dette flottante de l’Etat et de ses démembrements, apprend EcoMatin.
En octobre dernier, un crime économique et financier à grande échelle touchant les lignes 65 et 94 avait été aussi découvert. Dans la foulée, le gouvernement a radié 915 agents publics pour détournement.