
Yaoundé, le 27 juin 2025- Suite à la démission récente du Ministre de l’Emploi et de la Formation Professionnelle, Issa Tchiroma Bakari, un nouveau réajustement ministériel a été opéré au sommet de l’État camerounais. Le communiqué n°1004 du Secrétariat Général des Services du Premier Ministre, daté du 27 juin 2025, confirme la décision prise dans le cadre des Très Hautes instructions du Président de la République.
Selon le document officiel signé par le Secrétaire Général, M. Fouda Séraphin Magloire, le Premier Ministre, Chef du Gouvernement, a confié à M. Mounouna Foutsou actuel Ministre de la Jeunesse et de l’Éducation Civique la mission d’assurer la continuité du service public au sein du ministère laissé vacant. Ce dernier va t’il trahir son frère du Nord? N’est t’il pas peut être temps que les Nordistes se réunissent auprès des leurs pour faire basculer les choses et résoudre leur problèmes? quand on sait que tout va mal au nord et tels sont les revendications de Tchiroma.
Cette décision s’inscrit dans une volonté de « stabilité institutionnelle » et de poursuite sans rupture des politiques publiques dans les domaines clés de l’emploi et de la formation professionnelle.
Une démission stratégique et son contexte immédiat
Issa Tchiroma Bakary a officialisé sa démission par une « Lettre aux Camerounais » de 24 pages, dans laquelle il critique ouvertement le système qu’il a pourtant servi pendant de longues années. Le texte, publié sur les réseaux sociaux, contient des phrases percutantes comme : « J’ai connu le pouvoir et j’en ai mesuré les limites » ou encore « un pays ne peut exister au service d’un homme. Il doit vivre au service de son peuple » – une allusion claire au Président Biya .
Dans les heures qui ont suivi cette annonce, un arrêté du ministre de l’Administration territoriale interdisant toute activité politique du Front National pour le Salut du Cameroun (FSNC), le parti de Tchiroma, dans un département de la région de l’Extrême-Nord, a « fuité« sur les mêmes canaux. Cette réaction rapide du pouvoir illustre la détermination du régime à ne pas laisser de space politique à son ancien allié .
Un remplacement symbolique dans la géopolitique interne
Le choix du successeur d‘Issa Tchiroma au ministère de l’Emploi revêt une importance particulière. En nommant un autre originaire du Septentrion (Nord Cameroun), le pouvoir semble vouloir maintenir un équilibre régional tout en envoyant un message à l’électorat du Nord. Cette région, avec l’Extrême-Nord, constitue un bastion électoral important pour le Rassemblement démocratique du Peuple Camerounais (RDPC) .

Christophe Mien Zok, directeur de l’information et de la propagande au secrétariat général du comité central du RDPC, a minimisé l’impact de ce départ : « Quelqu’un qui a été à vos côtés pendant deux scrutins, 2011, 2018… S’il fait défection, cela ne peut avoir que des conséquences. Maintenant, sur le plan arithmétique, quelle était sa contribution ? Nul ne peut le dire » .
Les implications pour la présidentielle de 2025
La candidature d’Issa Tchiroma Bakary introduit une nouvelle variable dans une élection qui s’annonçait déjà comme un tournant. À 92 ans, Paul Biya, au pouvoir depuis 1982, est candidat pour un huitième mandat, bien que son état de santé fasse débat . Face à lui, l’opposition ne semble pas unie, ce qui lui laisse encore plusieurs chances de gagner .
Tchiroma pourrait par contre fragmenter davantage l’électorat, particulièrement dans le Nord, région clé pour le RDPC. Son programme, qui inclut un retour à une forme de « fédéralisme choisi« , pourrait séduire certains électeurs déçus par le centralisme Yaoundéen .
Une possible vague de défections ?
La défection d’Issa Tchiroma survient alors que Bello Bouba Maïgari, leader de l’Union nationale pour la démocratie et le progrès (UNDP) et encore membre du gouvernement, doit présider ce 28 juin une session « exceptionnelle » du comité central de son parti. Les observateurs s’interrogent : va-t-il, lui aussi, tourner la page Biya ?
Ces développements interviennent dans un contexte où un élu du RDPC, Leon Theiller, a contesté la candidature de Paul Biya devant Élécam, arguant que sans congrès du parti, cette candidature serait illégale. Le dernier congrès du RDPC remonte à 2011 .
Un séisme politique aux répliques incertaines
La démission d‘Issa Tchiroma Bakary et sa candidature à la présidentielle marquent un tournant dans la politique camerounaise. Si le pouvoir minimise son impact, cette défection d’un pilier du régime pourrait encourager d’autres dissensions au sein de la coalition au pouvoir.
Les prochains jours seront cruciaux pour observer si cette décision isolée ouvre la voie à d’autres ruptures, et comment le RDPC gérera cette crise interne à quatre mois d’une élection présidentielle qui s’annonce comme l’une des plus disputées de l’histoire récente du Cameroun. La nomination d’un remplaçant issu de la même région suggère que le pouvoir entend préserver ses acquis électoraux dans le Septentrion, tout en isolant politiquement son ancien ministre .
La rédaction
