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26 juin 2025
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Cameroun 2025 : Une présidentielle sous le microscope

Parole aux faits, place à l’analyse. Le Cameroun s’apprête à vivre un moment déterminant de son histoire démocratique : l’élection présidentielle d’octobre 2025. Entre stabilité institutionnelle, aspirations citoyennes et équilibres géopolitiques, l’enjeu dépasse de loin une simple consultation électorale.
  1. Quels signaux émergent ?
  2. Quels indicateurs dessinent la trajectoire à venir ?

Explorons, sans passion mais avec précision.
Une société en éveil… mais en retrait
Les dernières données sur l’enregistrement des électeurs montrent une tendance préoccupante : moins de la moitié des électeurs potentiels sont inscrits sur les listes. L’intérêt pour la chose électorale semble reculer, notamment chez les moins de 35 ans, malgré leur majorité démographique.
Hypothèse socio-politique : une fracture cognitive entre institutions et citoyens, nourrie par des expériences passées jugées peu transparentes ou peu impactantes sur le quotidien.
Focus sociologique : plusieurs enquêtes d’opinion menées dans les milieux urbains et semi-urbains révèlent une fatigue démocratique croissante. L’élection présidentielle apparaît souvent comme un rituel symbolique plus que comme un levier réel de transformation.
Le pouvoir entre continuité et adaptation
Le Président Paul Biya, en poste depuis 1982, incarne une certaine stabilité. À 92 ans, sa candidature éventuelle suscite autant de fidélité dans son parti que d’interrogations dans l’opinion. Mais au-delà de l’homme, c’est le modèle institutionnel du Rassemblement Démocratique du Peuple Camerounais (RDPC) qui est en jeu.
Observation politique : la centralisation de la gouvernance et le contrôle des institutions clefs (Conseil constitutionnel, médias d’État, ELECAM) permettent au pouvoir de conserver une forte capacité de pilotage… mais au prix d’un éloignement progressif d’une partie de la population, notamment la jeunesse et la diaspora.
Fait marquant : plusieurs démissions de cadres intermédiaires et jeunes figures du système ont été enregistrées ces derniers mois. Signe d’un malaise interne ou simple réajustement stratégique ? Le débat reste ouvert.
Une opposition plurielle mais désarticulée
Côté opposants, le pluralisme est visible, mais l’unité reste un défi. Maurice Kamto (MRC), Cabral Libii (PCRN), Akere Muna ou encore Bahebeck Jean maintiennent des positions critiques vis-à-vis du système, mais peinent à fédérer autour d’une stratégie commune.
Données électorales : aux dernières municipales et législatives, l’opposition n’a pas réussi à s’implanter dans l’ensemble du territoire, ce qui limite sa capacité à mobiliser dans des zones clés en 2025.
Lecture analytique : le clivage n’est pas uniquement politique, il est aussi générationnel, socio-économique et linguistique (francophone vs anglophone), ce qui rend difficile l’élaboration d’un narratif collectif.
Contexte sécuritaire : la grande inconnue
Les régions anglophones du Nord-Ouest et Sud-Ouest, toujours en proie à une crise séparatiste latente, ainsi que l’Extrême-Nord soumis aux incursions de Boko Haram, représentent des zones électoralement sensibles.
Indicateur de stabilité : plusieurs organisations de la société civile, dont l’Église catholique, appellent à une sécurisation « neutre et équitable » des zones en crise, craignant que l’élection y soit ni représentative, ni légitime.
Une démocratie sur le fil… mais debout
Le Cameroun n’est pas en crise. Mais il est à la croisée des chemins.
Diagnostic modéré :
  • Une administration électorale jugée perfectible mais fonctionnelle.
  • Une classe politique vieillissante, mais non déconnectée.
  • Une jeunesse désabusée, mais potentiellement décisive.
  • Une stabilité à défendre, mais pas au détriment de l’ouverture démocratique.
Élection 2025, un thermomètre plus qu’un baromètre
L’élection présidentielle d’octobre 2025 ne dira peut-être pas tout de l’avenir du Cameroun. Mais elle en dira beaucoup sur son présent : sur le niveau de confiance entre les institutions et la population, sur la capacité du système à se réformer sans s’effondrer, et sur la maturité d’une opposition capable (ou non) de construire une alternative crédible.
Recommandation neutre :
  1. Renforcer la pédagogie citoyenne.
  2. Créer un cadre d’observation électorale pluraliste et internationalisé.
  3. Favoriser le dialogue post-électoral, quel que soit le vainqueur.
La science politique enseigne que les transitions réussies sont rarement des ruptures brutales. Ce sont souvent des évolutions maîtrisées, patiemment construites… et socialement partagées.
Par la rédaction

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